Manuel Müller fecit. Bois gravés/Holzschnitte 1971-2021 (Ed. art&fiction)

Florian Rodari (éd.)

Editions art&fiction

Artiste de la dualité et du mouvement, Manuel Müller ne se laisse nullement assigner à une place fixe. Son œuvre se constitue d’une grammaire de signes, d’indices et de symboles, qu’il articule dans le marbre ou le bois, son matériau de prédilection. Son travail à l’écart des esthétiques contemporaines et son parcours d’autodidacte le rapprochent – sans l’y rattacher complètement – de l’outsider art. La technique de taille directe employée par Manuel Müller institue son geste comme un seuil, une porte entre deux temporalités ou deux faces d’une même figure.
Dans les lignes du bois se creusent des motifs récurrents – la main, le visage – ainsi que des formes et des ornements foisonnants et sinueux, qui viennent rythmer la surface et la remplir de façon presque obsessionnelle, ne laissant que peu de place au vide. Grattant sous l’écorce, l’artiste fait émerger des récits multiples, intimes et communs. Leurs sources remontent aux mythes qui
façonnent nos imaginaires, auxquels se mêlent son expérience singulière et son héritage familial. La reformulation de ce qui vient de loin apparaît comme une posture fondamentale chez Manuel Müller, faisant converger l’art médiéval, la sculpture toscane du XIIIe siècle et l’art roman. Le corps et la matière deviennent alors miroirs, à la fois figure et écrin, renfermant des significations
mystérieuses, que la lame de l’artiste vient dégager.
Après une première monographie parue en 2012 présentant sa sculpture, Manuel Müller fecit donne à voir l’ensemble de l’œuvre gravé entre 1971 et 2021 de Manuel Müller. Environ cent cinquante reproductions composent cette publication bilingue, et sont accompagnées de quatre textes (fr/all) de Florian Rodari, Bertrand Schmid, Monika Jagfeld et Rainer Michael Mason.